EFFEMINATE PHARAOH – MONIRA AL QADIRI (Berlin)
« Ta main est dans la mienne, mon corps tremble de joie, mon cœur exulte, parce que nous marchons ensemble. »
(Poème d’amour datant de l’Égypte antique, Nouvel Empire, XVI-XIe siècle avant J.-C.)
Deux paires de mains sont réunies depuis 3500 ans. Ce seraient celles d’un pharaon hérétique et de son épouse, très épris l’un de l’autre. Après leur chute, la plupart de leurs effigies, artefacts et reliques ont été détruits ou effacés de l’histoire, mais ces mains sont restées intactes, comme par magie. Incarnation de la passion ardente, elles témoignent de notre besoin de nous toucher. Elles symbolisent avec puissance notre désir d’intimité. Encore aujourd’hui, les maladies, la guerre et l’oubli dévastent notre sentiment commun d’appartenance au monde. Mais à l’instar de l’amour unissant une pharaonne coiffée d’une barbe et son amant bâtisseur, notre désir creuse de profonds tunnels, permettant à nos tombes de se croiser et à nos fantômes de se retrouver dans l’au-delà.
Monira Al Qadiri est une artiste visuelle koweïtienne née au Sénégal, qui a étudié au Japon. Ayant obtenu un doctorat en art inter-média à l’Université des Arts de Tokyo en 2010, elle a centré ses recherches sur l’esthétique de la tristesse au Moyen-Orient, issue de la poésie, de la musique, de l’art et des pratiques religieuses.
crédits : video, son et texte par Monira Al Qadiri.
ÉPISODE – MALIKA DJARDI (Lyon)
Épisode est pensé comme un format de séries courtes qui prolongent les recherches de la chorégraphe Malika Djardi sur le genre de la science-fiction et des multiples langages humains. Dans un monde obsédé par la technologie, la question de l’émotion est centrale.
Malika Djardi développe un univers pétri de science-fiction où la danse serait le langage humain ultime. En s’appuyant sur le concept d’anomie, elle déploie un scénario en forme de dialogue avec une intelligence artificielle qui tente de comprendre les mécanismes donnant lieu aux sensations subjectives humaines. Ce prétexte nous interroge sur la nécessité du langage comme outil de domination et d’émancipation.
Malika Djardi se forme à la danse contemporaine à l’UQAM de Montréal, puis au Centre National de Danse Contemporaine à Angers de 2009 à 2011. Pour la Biennale de Charleroi Danse en 2017, elle imagine la pièce-conférence 3 abordant le genre de la science-fiction et la question des émotions dans un rituel de fertilité désabusé. Épisode, pensé comme un format de séries courtes, prolonge cette réflexion.
crédits : Conception, chorégraphie et argument : Malika Djardi; Montage sonore : Malika Djardi avec Sydney Valette; Création musicale : Sydney Valette; Voix : Chloé Hamdaoui et (en cours); Création lumière : Thomas Laigle ; Costumes : Marie Colin-Madan et Heley.